Marie DELIE (1865 - 1943)
Dentellière
Marie DELIE est née à Méteren le 16 avril 1865. Elle était la fille de Pierre Jean Joseph DELIE et de Stéphanie Eugénie SERTEEL.
Elle a consacré toute son existence au travail de la dentelle. Âgée de cinq ans, elle commençait déjà son apprentissage à l'école dentellière de Méteren sous la direction de Melle Catherine HEYMAN. Ces cours étaient suivis régulièrement par une soixantaine d'enfants.
La guerre de 14-18 interrompit à peine ce labeur. Évacuée de Méteren en avril 1918, Marie DELIE partit à Lisieux. Elle y séjourna quinze mois. Elle revint à Méteren sitôt que sa petite maison de la rue de la Fontaine fut reconstruite.
En 1929, les dentellières résolurent de se grouper en syndicat afin de mieux vendre leur productions. Marie DELIE en fut la première présidente, entourée au bureau par les plus expertes dentellières. Les fonctions de secrétaire furent confiées à Valentine BUTTIN.
Le démarrage du syndicat fut aidé par un don généreux de l'œuvre du "Retour au Foyer". Les dentellières de Méteren vont s'y rallier nombreuses, car c'était pour elles le seul moyen d'écouler leur production. Toutes les dentellières de Flandres les suivront.
De nombreuses distinctions lui seront décernées tout au long de sa carrière. En 1924, le "Retour au Foyer" organise un concours local réservé aux dentellières de la région de Bailleul. Quatre-vingt-quatorze méterennoises s'y inscrivent.
Marie est du nombre, et en même temps membre du jury désignée par les ouvrières dentellières.
Trois prix hors concours sont décernés, dont un à Marie qui se voit attribuer en outre une prime exceptionnelle pour "affirmer tout l'intérêt que le Retour au Foyer porte à l'exécution d'œuvres de haute qualité et pour que son exemple soit suivi par les ouvrières de la région".
1924, c'est aussi l'année du premier concours du meilleur ouvrier de France (M.O.F.) mais les méterennoises impliquées dans le concours local de Bailleul n'y participent pas.
En 1927, Marie participe pour la première fois aux sélections pour le titre de Meilleur(e) Ouvrier(e) de France. Les épreuves se déroulent tous les trois ans en deux étapes :
- Des Expositions Départementales du Travail permettent de sélectionner les meilleures dentellières du département auxquelles on décerne médailles d'or, d'argent et de bronze.
- Une Exposition Nationale du Travail ouverte aux médaillées d'or des départements dont les plus expertes peuvent se voir décerner le titre de Meilleur(e) Ouvrier(e) de France ;
Au concours départemental des 28 et 29 août 1927 deux personnes sont classées hors concours avec médaille d'or. Il s'agit de deux méterennoises, une reconnaissance de premier plan pour l'école dentellière du village.
Marie DELIE reçoit la première médaille d'or, Mme SURE-FRANCHOMME reçoit la deuxième. Elles sont toutes deux qualifiées pour le concours national. Celui-ci a lieu à Paris les 30, 31 octobre et 1er novembre 1927. Marie DELIE est reçue au rang de Meilleure Ouvrière de France, catégorie "Dentelles au fuseau".
Le concours de 1930 n'est pas organisé, il faut attendre 1933. Marie obtient un deuxième titre de Meilleure Ouvrière de France. La médaille lui sera remise à Méteren le 10 mai 1934 par Paul PERRIER, Conseiller Général.
Marie DELIE a longtemps enseigné à l'École Dentellière du Retour au Foyer de Méteren où elle a formé à son art de nombreuses fillettes et jeunes filles, perpétuant une tradition flamande qui semble remonter au XVᵉ siècle et qui connut son apogée au XVIIIe. Elle consacrait le reste de son temps au travail de la dentelle à domicile en compagnie de voisines ou d'élèves. Elle a vécu modestement dans sa petite maison du bas de la rue de la Fontaine. Elle est décédée, sans descendance, à son domicile, le 24 mars 1943.
Elle fut la figure emblématique de ces nombreuses dentellières méterennoises. Elles étaient encore 300 en 1910, qui, de génération en génération, ont pratiqué cet art, le plus souvent pour n'apporter qu'un maigre revenu d'appoint à leur foyer. En ce sens, on ne peut qu'applaudir la décision du Conseil Municipal de la commune qui, en 1989, donna le nom de Marie DELIE à la rue du nouveau lotissement Bellevue.